Sibylle and Nicolas in Kinshasa đšđ© 2/3
Sibylle and Nicolas in Kinshasa đšđ© 2/3
Dans ce second journal de bord, Sybille nous raconte sa journĂ©e type, en prĂ©sentant ses missions au sein du centresâŻNdako Ya Biso et du centre de formation professionnelle. Plongeons-nous un peu plus dans lâunivers de notre bĂ©nĂ©vole partie Ă Kinshasa.
Chaque matin vers 8h, Ă©quipĂ©s de sac Ă dos, casquette, antimoustique, crĂšme solaire et dâeau, mon mari et moi partons vers nos centres et descendons sur ces chemins poussiĂ©reux, remplis de plastiques.âŻ
Nous faisons ce chemin dâune petite vingtaine de minutes chaque jour, depuis deux mois et demi. Les gens que nous croisons nous connaissent maintenant, et il estâŻfrĂ©quent dâentendre nos prĂ©noms, par ci par lĂ . Nous nous arrĂȘtons et Ă©changeons quelques mots⊠Ces moments sont prĂ©cieuxâŻet sâinscrivent dans notre quotidien, contrastant avec notre vie en Occident, rythmĂ©e de «âŻje suis en retard, jâai un rendez-vousâŻÂ».
Jâentends sur ce chemin, Ă lâaller comme au retour, deux enfants hauts comme troisâŻpommes qui connaissent mon prĂ©nom ââChibille Chibille Chibilleââ, cela me fait toujours sourire.âŻ
Une route Ă traverserâŻ: «âŻAttention Mundele !âŻÂ». Aie aie aie. Je regarde Ă droite Ă gauche, les voitures, les motos et les camions⊠Jâarrive enfin, un peu transpirante dĂ©jĂ , au centre. Je salue dâabordâŻdes Ă©ducateursâŻde la formation et les grands jeunes, puis je pars rejoindre les filles du centre.
Je regarde le programme de la journĂ©e et câest parti pour les activitĂ©s. On termine dâabord les servicesâŻpropretĂ©s de la maison, puis vers 9h30, premiĂšre activitĂ©âŻ: couture, dessin, sport, alphabĂ©tisation, sensibilisation, jeux, etc. Les activitĂ©sâŻsâenchainent. Je me pose entre deux moments pour aller discuter avec les Ă©ducateurs, apprendre Ă connaitre les histoires pour mieux comprendre ces jeunes filles, et je tombe souvent de haut en apprenant la cruautĂ© de la vie de ces jeunes filles : prostitution, viol, croyances autour de la sorcellerie,âŻabandon, handicap⊠MisĂšre. Je nâai que trĂšs peu de mots pour dĂ©crire ce que je vois et entends Des corps marquĂ©s, des vies violentĂ©esâŠâŻet une rĂ©silience qui mâĂ©meut.
Les heures dĂ©filent rapidement au centre. Nous dĂ©jeunons tard ici, vers 15h00. Il estâŻensuiteâŻlâheure pour moi dâaller retrouverâŻNicolas et de remonter chez nous.âŻLâaprĂšs-midi, je mâadonneâŻĂ dâautres tĂąchesâŻ: des recherches de fonds, de lâĂ©criture, des rencontres avec diffĂ©rents acteursâŠâŻAutant de petites missions qui me permettent de comprendre la structure dans son entiĂšretĂ©.âŻ
Les jours et les semaines ne se ressemblent pasâŻici. Jâai Ă©galementâŻpassĂ© quelques moments chez les grands jeunes de la structure Ndako Ya Biso. Ils ont entreâŻ15 et 30 ans et sont en formation professionnelle en coupe et couture, esthĂ©tique. Ils reçoivent des cours dâalphabĂ©tisation et de mathĂ©matiques. Des jeunes qui vivent la violence de la rue, et que les Ă©ducateurs accompagnent pour sâen sortir.
Aussi paradoxal que cela puisse paraitre,âŻnousâŻpouvons dire quâaux creux des regards de certainsâŻjeunes, nous voyons cette misĂšre contrastant avec lâespĂ©rance, lesâŻjoies passagĂšres qui sont si importantesâŠ
Ces rencontres bouleversent vĂ©ritablement nosâŻcĆursâŻet nos yeux.⯠Ces rencontres, ces histoiresâŻont des prĂ©noms gravĂ©s dans ce quotidienâŻ:âŻCynthia, Christenvie, Divine, Mamie, Esther, Abigael, Evodie, Noella, Graciella, âŠ